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Certains entendront là une forme de maturité. Disons plutôt que la chanteuse Zara McFarlane prend, avec ce troisième album, une autre orientation. Sans doute initiée par la couleur actuelle d'une certaine garde du jazz britannique portée par la machine Brownswood : l'hybridité exaltée, l'Atlantique noir glorifiée. En 2011, cette jeune Londonienne d'origine jamaïcaine, voix de velours entre jazz et néo-soul, se révèle discrètement avec Until tomorrow. Trois ans après, elle fait son retour avec If you knew her qui lui vaut un Mobo Awards dans la catégorie jazz. Sur ce troisième album, elle met les pieds dans le plat. La production est signée par le batteur Moses Boyd, qui lui-même doit quelques-unes de ses influences aux Grandes Antilles. Ainsi, Arise fait la part belle aux origines caribéennes de la chanteuse (un autre originaire des West Indies est de la partie en la personne du fameux saxophoniste Shabaka Hutchings). Elle ne met plus du tout sa voix en avant, laissant de côté le jeu sur les timbres qui la caractérisait jusqu'alors.

Malgré des liens évidents entre ces deux répertoires, très peu de projets réunissant jazzmen occidentaux et musiciens traditidionnels africains réussissent la fusion de ces musiques. African Jazz Roots en fait partie ! La musique composée par le célèbre batteur Simon Goubert, et illuminée par la Kora d'Ablaye Cissoko, est à la fois un hommage au jazz de John Coltrane et au Sabar traditionnel Sénégalais. Une musique qui met en valeur les fondements musicaux communs aux deux langages.

Maîtrisant leur medium tels les meilleurs artistes, Arguelles, Delbecq et Minck évoluent librement dans l'espace du trio, et y tracent de nouvelles voies. Leur musique possède une présence rythmique et une créativité mélodique qui échappe aux étiquettes tant elles suivent un courant propre, initié par la capacité des musiciens à changer de direction à tout moment.

"Non, le jazz n'est pas réservé qu'aux vieux nostalgiques", déclare Kinga Glyk. A à peine 20 ans, cette jeune bassiste et bandleader de jazz, est une personnalité vive de la vie culturelle polonaise. Dream est le titre de son troisième (déjà !) album. Son groupe est composé du saxophoniste Tim Garland (il a travaillé avec des géants allant de Kenny Wheeler à Chick Corea), du pianiste israélien Nitai Hershkovits (qui s'est illustré pendant des années au sein du Avishai Cohen Trio) et du new-yorkais Gregory Hutchinson (qui est certainement un des batteurs les plus importants de sa génération). Il contient principalement ses compositions, ainsi qu'une version en duo de son hit viral Tears in heaven et Teen town, un hommage à Jaco Pastorius, le maestro de la basse.

Contrebassiste adulé et compositeur hors pair, Avishai Cohen signe son grand retour à sa formation fétiche : le trio acoustique, avec les doigts d'or de Nitai Hershkovits et l'irrésistible Daniel Dor. Avec cet opus, il revient donc au coeur même de ce qui articule son langage et sa pratique de musicien. Mais comme toujours avec lui, ce qui semble relever d'un retour aux fondamentaux porte surtout la promesse d'un départ : si le compositeur et contrebassiste israélien ressaisit le bagage de l'expérience, c'est pour mieux prendre le large et partir à la conquête de terres vierges.

Ce disque de la chanteuse américaine offre un aperçu saisissant du réseau d'histoires et de chansons dont les racines profondément ancrées et intimement entrelacées relient entre elles les traditions très diverses qui constituent l'âme du Sud profond des Etats-Unis. Wright convoque ici son héritage sudiste et l'esprit des lieux pour nous introduire dans un espace nourricier qui pulse et vibre d'une suggestion muette. Produit par le talentueux chanteur et songwriter Joe Henry, Grace lui permet de s'interroger sur sa place et d'affirmer sans détour son sentiment intime d'appartenance à la grande fabrique culturelle de l'Amérique.

Ce projet est un nouveau pont entre musique classique occidentale et musique afro-américaine. Avec sa troupe, Raphaël Imbert tisse deux fils rouges dans les univers d'Ellington et de Mozart, il les fait se répondre en écho, se croiser...''Heavens'' est ainsi une gigantesque jam session moderne où les ingrédients ont des origines multi culturelles : blues, musique de chambre, chanson profane, lied, thèmes sacrés, stomp, gospel, airs d'opéra...